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Rapport sur la situation actuelle des roms et gens du voyage en Belgique

1.    Mise en perspective

La survivance des populations dites « roms » et gens du voyage en Belgique est aujourd’hui, plus encore que par le passé, un défi.  

Depuis leurs lointaines origines indiennes, comme tout un chacun, et tout au long de leurs déplacements pacifiques, ces personnes n’ont cessé de connaître la persécution. Au plus près de nous, la politique génocidaire d’Hitler.

En Belgique, l’occultation de l’histoire est particulièrement hideuse : aucune enquête  n’a jamais été ouverte sur les crimes perpétrés contre les tsiganes avant et pendant l’occupation, ni même sur les déportations des tziganes par les nazis et leurs collaborateurs. La seule et unique  « recherche » historique qui ait eu lieu en Belgique, relative à cette époque, fut réalisée sur le « convoi Z ».
Notre  pays n’a jamais entamé, ni accompli le devoir moral de mettre en lumière l’attitude coupable qu’il a eue à leur égard. Des archives existent pourtant, et ont été placées en sureté en Hollande : elles concernent entre 30 000 et 60 000 tsiganes belges…


Après cet anéantissement historique, les tziganes n’ont rencontré aucune condition de possibilité de reconstruction. Au contraire. Dès la fin de la guerre, de nouvelles politiques anti-tziganes très dures ont sévi dans toute la Belgique : refus de nationalité, interdiction de stationner, refoulement aux frontières, interventions de police, vol de l’argent versé par l’Allemagne aux victimes de guerre, non reconnaissance des responsabilités des administrations locales, fichages, terreur infligée aux familles des rescapés du  Poxaïjmos, discrimination à l’école, arnaques financières perpétrées par les communes, astreinte au pointage quotidien, propagande anti-tziganes dans les médias jamais poursuivie depuis 65 ans, crimes d’état, protection d’anciens nazis, faux rapports de polices et fausses statistiques, prédation par des ONG…

Leur participation pourtant essentielle aux réseaux de résistance ne fut jamais reconnue même dans la gauche prétendument révolutionnaire, et ils sont accusés de façon mensongère de ne s’être pas défendus.

Par contre,  le rejet de ces populations est enraciné partout et dans toutes les mentalités, comme si l’éructation de Hitler continuait de résonner dans nos esprits et à dicter en nous le dégoût pour l’autre : le « sale », le « mendiant », le « voleur »…

Aujourd’hui la situation s’aggrave encore et certaines personnes témoignent  d’une véritable descente aux enfers.

 

Mode de participation de la Belgique à la  nouvelle « Ostpolitik » européenne.

•    Liberalisation des visas  et accords de réadmission

A l'occasion de la « Journée Internationale des Roms » du 8 avril 2011, Melchior Wathelet, secrétaire d'Etat de la Vice-Première Ministre  Milquet, a annoncé le renvoi systématique des demandeurs d'asile en provenance du Kosovo. Il s’agit de 7000 personnes dont plus de 70% seraient roms : des extracommunautaires qui partent donc pour un aller simple sans possibilité de retour.
Or les rescapés de la  guerre du Kosovo et leurs familles sont terrorisés à l’idée d’être remis dans les mains de leurs bourreaux.
Mme Milquet  et Mr Wathelet qui se sont rendus chez Mr Hashim Thaçi devraient  avoir un peu de tenue au lieu d’aller serrer la main de chefs mafieux accusés de crimes contre l’humanité. Même pour « libéraliser  les visas » nul n’était besoin de se rouler à ce point dans la m... Une  question s’impose: que sont-ils allés chercher au Kosovo ?  

Depuis l’épuration ethnique, le Kosovo est devenu Albanais et il n’est pas du tout prêt à accueillir les roms. Il est  bien loin de demander  pardon pour les exactions commises et les accords de réadmission sont  une véritable catastrophe humaine et sociale.

Une pression accrue doit être exercée à l’égard des pays qui comme notre pays, la Belgique,  rapatrient ou expulsent des extracommunautaires. Or la Belgique a mis en place, depuis des années, un système qui lui a permis de n’attribuer  le statut de réfugié à aucun rom. Aujourd’hui avec l’expulsion des Kosovars c’est le statut subsidiaire, relatif au traité de Genève, qui passe à la trappe sans que les démocrates ne s’en émeuvent.

Ces personnes, dont des enfants, se retrouvent dans une situation d’apatrides de facto dans leur pays d’origine, que bien souvent elles ne connaissent pas ou plus et sont mises en danger. La Belgique bafoue clairement les Droits de la personne et les Traités.
Melchior Wathelet, demande aux communes et à FEDASIL de collaborer à l'identification de ces demandeurs d'asile, pour la plupart des roms en provenance de Serbie, du Kosovo et de Macédoine , et de fournir systématiquement des listes des résidents pour faciliter leur enfermement et leur expulsion... Le nouveau « Conseil des roms et gens du voyage »  aura-t-il pour tâche de faciliter les expulsions de Roms vivant en Belgique ?

NB: étant donné que le voyage de Mme Milquet et Mr Wathelet au Kosovo, ainsi que l’édification du « Conseil des roms et gens du voyage » ont été organisés sous le gouvernement en affaires courantes d’où provenait l’argent de ces « réalisations » ?

•    Situation des roms européens enBelgique

Les roms européens en Belgique n’obtiennent jamais le statut de réfugié.Ils n’obtiennent pas non plus le statut subsidiaire relatif au Traité de Genève.                               
Les régularisations des demandeurs d’asile se font au compte goutte et le nombre des régularisations en Belgique depuis 20 ans est scandaleusement loin derrière les autres pays européens.
Il n’y a pas de réelle politique d’accueil et d’intégration. Mais la justification des subsides européens alloués aux roms et gens du voyage sous cet item sont en réalité des actions répressives, d’éloignements ou d’expulsions et la mise en place de pièges au niveau politique, grâce à l’argent de l’intégration.

L’aide sociale leur est désormais inaccessible depuis cet hiver  2012.

Ainsi que l’aide médicale d’urgence interdite soudainement cet été 2012.    

Les roms n’ont de fait pas accès à l’emploi, et la mendicité est généralement interdite.

Les personnes mendiantes qui devraient être soutenues et admirées pour leur courage par les syndicats, ne le sont pas. Pourquoi les syndicats ne voient pas dans la mendicité une forme de résistance au travail en noir, à la dérégulation des salaires et à l’esclavage moderne ? Que diraient-ils si ces mêmes roms, à la place de mendier dans des conditions très dures, venaient grossir les rangs de ceux qui vendent leur force de travail à 1€/heure, sans protection sociale, comme d’autres travailleurs migrants ?

Les roms fuyant des situations dangereuses dans leur pays d’origine,  lorsqu’ils arrivent en Belgique, loin d’être accueillis  de façon humaine sont exposés aux éléments. Or ce n’est pas rien : la Belgique est un pays de tempête, de fortes précipitations, d’inondations et qui connait des froids mortels l’hiver. Ils sont donc  laissés volontairement sans abris, mais aussi sans soins, sans aliments et sans possibilité de survivre. Ils sont exposés en proie aux regards réprobateurs d’une population majoritairement dressées par la propagande raciste.

En créant des conditions de vie telles, les populations de roms européens, déjà éprouvées lorsqu’elles arrivent sur notre territoire, sont mises en danger  physiquement, et la Belgique leur refuse ensuite la moindre « assistance à personne en danger ». De la sorte, la Belgique donne le « choix » à ces roms entre trois possibilités : soit les retours dit « volontaires », soit l’éloignement « involontaire » et « individuel » des citoyens européens d’origine roms tel que défini par la Directive 2004/38/CE, ou, enfin, leur élimination par la mort. Il s’agit surtout de décès des plus fragiles au nombre desquels les enfants. Or, que dit la  Directive 2004/38/CE ? Elle fixe les conditions régissant l'entrée et le séjour des citoyens de l'UE dans les Etats membres : les expulsions de citoyens de l'Union européenne sur le territoire d'un État membre  ne peuvent, par nature, être volontaires. Et ne sont autorisées que dans certains cas, moyennant  des garanties procédurales. Si la personne concernée par l’expulsion  ne respecte pas les conditions imposées au droit de séjour prévue dans la directive, ou pour des raisons d'ordre public, de sécurité publique ou de santé publique. L'évaluation de la conduite personnelle et la situation de l'intéressé doivent toujours être  effectué avant de prendre une mesure d'expulsion. Les décisions devraient être entièrement justifiées par écrit et être susceptibles d'appel.

De façon prévisible et logique, chacun peut s’attendre, au vu des conditions de vie dans lesquelles ils sont volontairement mis,  à ce que ces personnes succombent  à une au moins  des raisons justifiant leur  éloignement, selon les critères de la   Directive 2004/38/CE .                                                
Est-il  utile d’ajouter que les roms ne sont pas instruits ni des garanties,  ni des moyens autorisés et qu’aucun d’eux n’a fait appel ?

Le focus arrive au moment de l’expulsion : ils sont alors pointés du doigt par des élus locaux ou des ministres qui s’expriment dans les médias au sujet de l'ordre public, de la sécurité publique ou de la santé publique.. « L’aide » prétendument fournie par les ONG de terrain, subventionnées,  est aussi alors largement répercutée et une « problématique » roms est créée.                                            A Bruxelles, en lieu et place de l’aide, des ONG ont photographié les roms ainsi que leurs enfants dans des situations extrêmes et de non-dignité . Des photos, y compris d’enfants,  ont alors étés publiées, toujours à l’initiative de ces mêmes ONG, sans autorisation aucune, notamment sous forme de cartes postales. Vous pouviez  cette année 2012, aisément trouver ces cartes postales  à la disposition et gratuitement  dans des présentoirs  publicitaires mis dans tous les lieux publics, les cafés et dans toutes les toilettes (WC) de Bruxelles. Si vous passez à Bruxelles, vous pourrez trouver la photo d’un bambin rom, préalablement  réduit à une condition de non-être-humain,  en allant pisser  après une bonne bière du terroir ; vous rencontrerez  peut-être ce même enfant dormant à tout vent à même la rue ou dans une gare. Où est le respect du Droit des enfants ? Et  leur protection et  leur sécurité ? Dans un contexte belge, faut-il le rappeler, de pédophilie  encore et toujours protégée… Ces images ont aussi été déclinées en campagnes d’affichage dans le métro Bruxellois (tout cela avec force subventions), en articles, films, colloques, émissions télévisées et bouquins… et promotionnées par les milieux associatifs prétendument « démocratiques ».                                                                Les campagnes de propagande « politiquement   correctes »  se déchainent : il en résulte dans l’esprit du citoyen lambda qu’être anti-tzigane n’est pas du racisme, c’est normal, c’est de la légitime défense, de la sécurité sanitaire, de l’anti-mafia, ce serait même de l’antiracisme … Après tout accepterait-on cette saleté, cette non-dignité voire même du banditisme de nos propres enfants ?

Loin des ONG, qui ont pourtant récupéré leurs actions dans leurs rapports d’activités, des citoyennes et des citoyens anonymes, souvent eux-mêmes en situations précaires, méprisés  ou qui subissent eux-mêmes le racisme, sont les seuls à leur porter  quelques secours. Sans ces maigres secours et la solidarité généreuse de cette frange de la population, de nombreuses familles seraient mortes. Il y a d’ailleurs déjà eu mort d’homme, dans l’indifférence générale, comme par exemple  la petite Sunita.

Les morts tziganes, s’ils sont fréquents, ne font pas ici « la  une » des médias. Il est d’ailleurs quasiment  impossible pour les roms comme pour les gens du voyage de communiquer au travers des médias tant la censure à leur égard est active. Aucun droit de réponse n’est possible.

Si un Auschwitz est possible,  Auschwitz sera là où on s’y attend le moins.

3. La  nouvelle politique offensive d’apartheid  dans le contexte de séparation de la Belgique

La nouvelle offensive contre les tsiganes se déclare désormais haut et fort, car préparée de longue date et propagée sans vergogne notamment dans les media. L’image des Roms/Gens du voyage en est devenue telle, que les nouvelles mesures volontaristes de leur mise à l’écart passent sans protestation citoyenne aucune.

Il s’agit pour l’heure de la mise en place d’institutions mettant directement le focus sur nos minorités :

a) les «Assises de l’Interculturalité » , (rapport final, décembre 2010)
b) un Comité racial, le « Conseil  des roms et gens du voyage » (l’annonce officielle fut faite le 8 avril 2011par Mme Milquet) et                 
c) les « Conférences InterMinistérielles » (« CIM »).  

Ces nouvelles institutions,  sans fondement démocratique puisque non-élues, sans qualité représentative des communautés, s’imposent dans le jeu démocratique en mettant leurs propositions et recommandations en balance avec les institutions élues.

En toute cohérence démocratique, il  n’y a pas de  légitimité à organiser de nouvelles institutions qui contournent   les pouvoirs démocratiques et élus,  les Droits de la Personne et les Traités.

Ces  institutions créent  une entrée dans un système d’apartheid, et les populations roms et voyageuses sont à leur merci. Car ces institutions sont aujourd’hui le référent pour  les Administrations belges et leurs Ministres de tutelle en ce qui concerne  l’avenir des roms et des gens du voyage,  leur logement, l'emploi, l'éducation et la santé, ...  

Mais dans quel but? La réponse est donnée d’emblée dès l’introduction du  «Rapport Final des Assises de l’Interculturalité » publié par le « Centre pour l’Egalité des Chances et la lutte contre le racisme », page 8 : «(…) l’interculturalité entendue comme projet de société impose que soient revues, renouvelées, et si nécessaire abrogées les approches existantes en matière de droits de la personne et de leur protection » Tout est dit : ainsi ces nouvelles sortes d’institutions  tirent  la chasse sur les Droits de l’Homme et le traité de Genève, et l’ethnicisme est le projet de société.                           Aucune voix, jusqu’aujourd’hui ne s’est élevée en Belgique  contre cette déclaration pourtant officielle et dont la responsabilité de la publication incombe à Madame la Vice-Première Ministre  Milquet , Ministre de « l’Egalité des Chances et la lutte contre le racisme » et Ministre de l’Intérieur. Personne même n’a répercuté l’information…

Très concrètement :

•    Ces institutions sont responsables  de l’existence d’une cellule spécifique pour les roms et gens du voyage au sein d’ACTIRIS, l’organisme de placement des chômeurs bruxellois. Ils ne sont donc plus traités comme les autres chômeurs.

Or personne ne pense en Belgique à la réintégration des gens du voyage et des roms dans leurs métiers en « déshérence »* : cirque, musique, théâtre, théâtre de rue, fête foraine.                                                    
Ni à abroger les lois qui visent implicitement les roms et gens du voyage et qui entravent   l’exercice

*voir mon article Théâtre en déshérence* et artistes tziganes « disparus » victimes des crimes de guerre nazis ou de la terreur romaphobe des Etats pendant la 2ème Guerre  Mondiale.


des métiers pratiqués jusqu’alors par ces groupes  en constituant un véritable « berufsverboten » : établissement d’un « accès » aux métiers de la vente et de la réparation de voiture, dont les roms et gdv sont de facto exclus, interdiction de la vente du neuf sur les vieux marchés, interdiction du colportage,  récupération des encombrants et matières premières confisqués par les communes ou les régions, systèmes d’agrément les excluant pour le ramonage, refus d’accès à l’emploi des femmes par les « titres services », chasse aux musiciens de rue, ….                                 

Quant aux industriels forains, ils ont récemment été prévenus de la fin de la célèbre et historique  « Grande Foire de Bruxelles » appelée aussi  « Foire du Midi » et ils en ressentent  déjà les effets. Ils viendront donc grossir les rangs des endettés et des chômeurs… Qu’à cela ne tienne, la cellule  « roms et gens du voyage » d’ACTIRIS sera bientôt opérationnelle!  Cette cellule spécifique « pour » les roms et gens du voyage s’appuie, pour son édification,  sur l’aide, les informations et les fichiers d’une ONG active « pour » les roms et gens du voyage  à Bruxelles.    

Des fonds structurels ont été ouverts via  le réseau  EURoma  dans lequel la Belgique pourrait s’inscrire et auxquels nous devrions être associés (cf  la Plateforme pour l’inclusion des roms) : nous sommes écartés de toute information et de tous bénéfices de ces actions européennes.

L’UE a en outre élargi  les fonds « Feder »  à des projets professionnels  vers les   « roms », mais malheureusement sur le terrain, en Belgique,  le message n’est pas passé…  


•    Après  la décision gouvernementale de la suppression de « l’aide médicale d’urgence »  pour les migrants européens - une mesure qui vise au principal  les roms-,  le « Conseil des roms et gdv » et les « CIM » ont  commandité une nouvelle orientation de politique sanitaire vers les populations roms et voyageuses . Orientation  appuyée, notamment au niveau du renseignement et de l’expertise,  par  des ONG bruxelloises et réalisée sur le terrain par Médecin du Monde, une organisation humanitaire française. Cette dernière (MdM), présente sur de nombreux « camps nomades » en Europe s’est spécialisée dans les « roms » et draine d’énormes subventions. Pour ces raisons une attention accrue devrait être portée aux actions de cette organisation en Europe.  Actuellement en Belgique, elle diffuse un questionnaire d’allure médicale dont plusieurs pages sont réservées à « la santé sexuelle et reproductive» et à la « stérilisation» des femmes.   L’enquête de MdM cacherait-elle un programme des limitations des naissances dans les communautés  roms?  Ce long questionnaire recueille aussi toute les informations sur  le statut des personnes, ce que viennent souligner avec inquiétude les personnes  les plus fragilisées.                                                                   Les communautés tziganes comprennent que par ces politiques sanitaires, elles assistent en fait à l’éclatement volontaire du système de santé mutualiste belge tout entier, et qu’elle en fait la première les frais sans que personne ne s’en émeuve …
Dans un contexte international de trafic de matériels génétiques et de trafic d’organes dont ces communautés sont déjà victimes, la sortie du système mutualiste et du retrait de tout contrôle démocratique des soins, représente un danger bien réel.


Les gdv qui sont aussi maintenant « sous la coupe » du « Conseil des roms et gens du voyage »  ressentent mal d’être mis dans le même groupe que les « roms ». Pour eux c’est une manière d’être désignés comme population exogène et ils comprennent que si on les désigne de la sorte c’est pour leur enlever leurs droits de citoyens Ouest-européens et les réduire à la situation des roms de l’Est.  
On peut déplorer que trop souvent les gens du voyages, au lieu de dénoncer ces politiques de catégorisation et ceux qui les mènent, se désolidarisent et sont absents des luttes des roms migrants.
A leur décharge, il faut être conscient que la situation des gens du voyage se dramatise  lors  des focus médiatiques sur les roms migrants, car c’est généralement le moment que les communes choisissent pour expulser en masse,  et sans publicité ni focus cette fois, les voyageurs belges et/ou de pays limitrophes (français en majorité, mais  aussi néerlandais ou allemands).  Ces situations nous divisent, voire nous opposent, alors que les gdv se sentant encore protégés et bercés d’illusions,  ne réalisent  pas encore que l’Europe et la Belgique sont occupées à faire d’eux… des roms. Leur seul salut, et peut-être aussi celui des roms migrants, est cependant dans l’affirmation de leur citoyenneté belge, l’exigence d’exercer leur droits comme citoyen, le rappel des DH et du respect des Traités.

La situation dans laquelle les roms d’une part et les gens du voyage (dont les industriels forains) d’autre part sont volontairement poussés par ces politiques aujourd’hui  déclarées, ces actes de mise en œuvre menés tambour battant  et accompagnés de campagnes de propagande, compte tenu  du  contexte  séparatiste et de partition de la Belgique et de l’intérêt d’une bombe ethnique dans un tel contexte, fait présager du pire.

L’argent pour l’intégration des roms et gdv est utilisé en :  fichages, actions de propagandes, actions de polices, enfermements et emprisonnements, frais d’avions, faux rapports de police pour appuyer de fausses statistiques, qui justifient des politiques d’apartheid prétendument émancipatrices,  et des institutions raciales et antidémocratiques….

Face à cette offensive, dans les  intentions et dans les  faits, touts ceux qui  ont à cœur les droits de l’homme et la démocratie  seront saisi par  la gravité de la situation    


4. Attitude de la Belgique face aux sanctions du Conseil de l’Europe

-En ce qui concerne la plainte de la FIDH (Fédération  Internationale des Droits de l’Homme) et la toute récente condamnation de la Belgique par le Comité des Droits sociaux du Conseil de l’Europe : des communes de Wallonie ont réagi de façon très provocatrice cet été 2012 en expulsant massivement les gens du voyage. Elles n’ont  pas non plus protégé les familles qui ont été victimes d’un attentat au cocktail Molotov. De cette façon la Belgique nous montre le mépris qu’elle a pour les sanctions prises par le Comité des Droits Sociaux du Conseil de l’Europe.

- La Belgique à déjà été condamnée plusieurs fois, comme par exemple : pour l’expulsion collective en 1999 de 70 tziganes de Slovaquie ;  pour le Centre fermé 127 bis ; ou pour l’enfermement et la détention d’enfants. Mais  la Belgique n’a jamais cessé ses politiques. Au contraire, elle a toujours montré qu’elle ne respectait pas les décisions de sanctions des institutions européennes en durcissant ses positions et ses politiques,  suite aux condamnations. Ainsi la Belgique après avoir « subit » vite fait un incendie  « accidentel »  au Centre fermé « 127bis » en lieu et place  de montrer qu’elle obtempérerait à l’autorité européenne qui en demandait la destruction,  a immédiatement reconstruit un nouveau centre fermé pour sans papiers et demandeurs d’asile, une parcelle plus loin. Elle a continué de faire des rafles de roms et continue de les expulser en masse, mais soi-disant « individuellement ». Elle perpétue sans vergogne ses politiques de  refoulement  des roms et des gdv.  

5. Validation du « Conseil des roms et gens du voyage » de Belgique étendu à l’Union européenne .

Dans le cadre de sa présidence de l’U.E. en 2011, la Belgique à présidé la plateforme européenne pour l’inclusion des roms, sans nous communiquer la moindre information, ni avant, ni pendant ni même après…
La Belgique a aussi présidé deux sommets européens qui nous concernaient sans nous inclure d’aucune sorte et sans qu’aucun porte-parole des roms/sintis ou voyageurs de ce pays n’aient été même prévenus. Pourquoi ?
A contrario, c’est pendant la présidence belge à l’UE que Mme Milquet , à l’initiative d’ERIO, European Roma Information Organisation, a posé la « première pierre » du « Conseil des roms et gens du voyage », en lançant ses prétendues « réunions de concertation», alors que leur « projet » était non-seulement ficelé et décidé, mais qu’ils annoncèrent conjointement que cet organe serait dans les proches années à venir  compétent  au niveau de l’Union européenne.
Or, il faut savoir que déjà au niveau belge, et selon le cabinet Milquet lui-même, le  « Conseil des roms et gens du voyage »  est une structure « chargée de préparer la stratégie nationale de la Belgique, de faire des recommandations aux gouvernements et de créer des relations constantes avec les administrations” , il   a un rôle de représentation et  de « communication entre les roms et les Gens du Voyage d'une part et le gouvernement fédéral et des entités fédérées d'autre part » et représente les « communautés Roms et Sinti, des gens du voyage et des associations de terrain » ainsi que les autorités!  

1 - L'Avenir.net, jeudi 7 avril 2011.
2 -  L'Avenir.net, jeudi 7 avril 2011.

 

Sa  mise sur pied avait été confiée aux ONG de terrain, prédateurs naturels des roms et des gens du voyages, au service des politiques, et dont il serait urgent de dresser une liste, ainsi qu’à un organisme en provenance de Bulgarie : ERIO.                                                                    L’European Roma Information Organisation est une agence de renseignements et d’information sur les roms.
D’autre part, il semble que le  « Conseil des roms et gens du voyage », s’autoproclamant « représentatif » de nos communautés,  compte siéger d’ores et déjà en notre nom au sein des diverses institutions e.u, stratégies, projets…, de l’UE,  au nombre desquels le « Forum Européen des roms et Gens du voyage ».
Nous demandons dès lors au « Forum Européen des roms et Gens du voyage » d’être vigilant et combatif et nous vous demandons de bien vouloir venir à la rencontre de nos groupes roms et voyageurs directement sans plus passer par les ONG, les organisations gouvernementales et locales, qui nous barrent la route jusqu’à vous depuis toujours.

Climat actuel dans L’UE
En 2008, la France, avec un fort leadership, assumait la présidence de l’UE et  mettait à l’œuvre une politique ‘nouvelle’ à l’égard des populations « Roms » en Europe, introduisant en même temps une rhétorique stigmatisant les roms.
Politique nouvelle en ce qu’elle rompait avec les précédents efforts progressistes du Parlement depuis plus de 20 ans, et des directives de l’UE.
Notre dite « minorité » va alors apparaitre  dans le « panel »  des thèmes idéologiques instaurés par la France dès 2008 et repris aujourd’hui par tous les pays de l’Union comme si de rien n’était:

•    Les « roms » comme question en-soi,
•    asile-migration et roms,
•    libre circulation des citoyens européens et roms,
•    le pompon : criminalité-traite des êtres humains et roms.


Le tristement célèbre Dr Kouchner, premier général de France et « spécialiste » des roms, haï par les roms du Kosovo qui ont payé un lourd tribut au génocide des roms durant les guerres de Yougoslavie, cumulait en 2008 les présidences au sein de l’UE. Il était aussi  à la présidence  de l'OSCE où il y  imposait  les « roms » à l'agenda avec les autres guerres lourdes.
Dans le communiqué de presse du Conseil des ministres de l’UE, du 8 décembre 2008, les roms figurent aux « affaires générales et extérieures ». Ils font partie de l’ordre du jour des affaires militaires, à côté d’intitulés tels que : « opération militaire EU NAVFO Somalie, mesures à l’encontre du Zimbabwé, exportation de technologie et d’équipements militaires, politique maritime intégrée, lutte contre la prolifération des armes de destruction massive ».

…et forcément à l’OSCE on prend des décisions de substance qui resteront introuvables dans toute publication :

Par le communiqué de l’OSCE des 4-5 décembre 2008,  la France, dans son intervention de clôture du Conseil ministériel, apprécie particulièrement :

« (…) que les thèmes des Roms et Sintis et la lutte contre la traite des êtres humains, priorités de la présidence en exercice, ait pu faire l’objet de décisions de substance ».


Il apparaît ainsi clairement que les roms sont à nouveau étroitement liés au destin européen par cette guerre officiellement inscrites à l’agenda de l’OSCE.
Il s’agit pour l’heure d’une guerres avec des attaques de basse, de moyenne et de forte intensité selon les endroits. Voilà ce que nous vivons, il faut avoir le cran de le dire et de le faire savoir.
Cette guerre déclarée par l’OSCE contre nous est à comprendre dans  un enjeu global sur le devenir des pays de l’Ouest en voie de partition, comme la Belgique, l’Italie ou l’Espagne, comme sur le devenir des pays de l’Est.
Dans ce cadre, il faut souligner que les tziganes constituent dans le réel politique, réel qui échappe aux structures européennes pour n’être laissé qu’à la seule portée des Etats membres (et il faudrait que vous, membres du Forum européen des roms et gdv, dénonciez cela !), la condition de possibilité d’un remake de l'Ostpolitik.
Notamment via les expulsions de roms d’Europe de l’Est, ce qui implique une double critique implicite, vers leurs pays d’origine.
Par le passé, l’Ostpolitik initiée par W. Brandt dans les années ‘70, mena finalement aux objectifs attendus depuis les années ‘30 et qui durent être différés jusque dans les années ‘90 : réunir toutes les conditions de la Balkanisation et son lot de guerres en ex-Yougoslavie ainsi que la mise à genoux des autres pays balkaniques.
Plus près de nous, lors de la présidence Tchèque, plusieurs pays de l’Est tiraient  la sonnette d’alarme sur les politiques menées contre eux.

Mais cette guerre dont nous sommes les cibles inermes est indispensable dans le contexte  politique d’une  Europe qui a abandonné l’économie et l’emploi, au profit de deux nouvelles mamelles : la finance-casino et la guerre.  Et après la main basse des banques sur l’épargne des citoyens et sur l’ « accumulation primitive de richesse» des pays, main basse qui signe l’arrêt de mort des économies européennes: les tziganes, les roms, sont à nouveau  l’os à ronger du continent, la réponse idéologique donnée à toutes les victimes  qui se révoltent face à  cette situation d’ « somaliesation » de l’Europe.

Ces orientations  de démantèlement, de désindustrialisation,  et  d’abandon  de l’Europe  passent  par des  stratégies concrètes :  LES MINORITÉS TRANSNATIONALES. Elles  sont érigées en  politiques  et  stratégies  de guerre par le Haut Commissariat aux Minorités, l’organe prépondérant  de l’OSCE.  Enfin, le Conseil des Ministres et les Sommets entre chefs d’États  entérinent ces politiques après qu’elles aient  déjà fait l’objet d’accord sur les modalités  pratiques dans la grande discrétion des réunions informelles entre États…  

Un Haut Commissariat aux Minorités
est également opérant au sein de l’ONU.

Ceci démontre l’importance et l’efficacité des politiques ethnicistes.  Elles démontrent  que l’anéantissement ou le sauvetage de l’Europe passe quoi qu’on en ait,  par notre destin.
C’est pourquoi, ces politiques nazies ne seront pas abandonnées sans lutte et il nous faudra, avec courage les dénoncer comme telles, et les combattre aujourd’hui pour nos enfants,  comme nos grands-parents les ont combattues hier  pour notre survivance.

Remerciements

Nous remercions et embrassons le cœur de notre sœur Madame Francine Schutt Jacob qui a bien voulu s’intéresser à nous, tziganes de Belgique,  et nous prêter sa voix, afin de porter  notre parole aujourd’hui devant vous et briser le mur de silence qui nous entoure depuis tant de décennies. Nous vous remercions, à vous très cher Monsieur  le Président Rudko Kawczynski, qui nous donnez l’occasion d’expliciter notre situation, ainsi qu’à vous tous très chers membres du Forum Européen des roms et gens du voyage, ici présents,  pour votre écoute attentive.

Pour sûr, ce jour est un grand jour, un jour d’espoir  pour  les roms et gens du voyage de Belgique. Merci !

Pour le Congrès National Gitan,
Maude Aïda COLS (rapporteur)
Bruxelles, le 23 Août 2012




 

[1] L'Avenir.net, jeudi 7 avril 2011.

[1] L'Avenir.net, jeudi 7 avril 2011.